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Afgha


Le livre "Mourir pour l'Afghanistan" est réédité avec une nouvelle présentation et un chapitre entièrement nouveau. La première édition était parue en novembre 2008, trois mois après l'embuscade d'Uzbin, au cours de laquelle dix militaires français avaient trouvé la mort. En voici quelques extraits.

"Depuis Uzbin, dix-huit militaires français sont morts en Afghanistan, ce qui portait, au 1er juin 2010, le nombre des pertes à 42. Mais il n'y a pas que les morts ; cette guerre fauchent aussi de jeunes Français qui en reviennent grièvement blessés. Je pense par exemple à Jocelyn, 25 ans, savoyard originaire de la Maurienne et passionné d'alpinisme. Le dimanche 16 mai, alors qu'il patrouillait avec son unité, le 13ème Bataillon de Chasseurs alpins à l'entrée de la vallée d'Alassaï dans la province de Kapissa, il a été victime d'un Engin explosif improvisé. Grièvement touché, il est rapatrié en France. Opéré à l'oeil, il a dû être amputé d'une jambe. Qui a entendu parler de lui ? (...) Deux ans après Uzbin, la question se pose toujours avec la même acuité : « Pourquoi nos soldats tombent-ils là-bas? » Qu'est-ce qui, en effet, justifie le sacrifice de tant de jeunes vies françaises, à cinq milles kilomètres de nos frontières ? J'entends d'ici la réponse, sur un ton offusqué : la lutte contre l'islamisme radical, bien sûr ! Voire... Le combat, légitime, contre les « djihadistes » se déroule sur bien d'autres fronts.

(...)

 Si, malgré ses renforcements, elle reste relativement modeste au plan militaire, la participation française est d'une grande importance politique. Elle est d'abord le prix à payer de notre retour dans l'organisation militaire intégrée de l'Otan, tant souhaité par l'armée française. Acté, comme on dit, lors du sommet de Strasbourg-Kehl, en avril 2009, ce retour s'est traduit pour la France par l'attribution de 17 postes de généraux dans les états-majors alliés. L'ancien chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Stéphane Abrial, est même devenu « Supreme Allied Commander » pour la Transformation de l'Otan – l'un des deux plus hauts postes (mais pas le plus important) de l'Alliance. Dans ces conditions, la France ne pouvait pas rester en dehors de l'opération américaine et alliée en Afghanistan. Des militaires français meurent dans cette guerre (treize, depuis le retour de la France dans l'Otan) ? Il s'agit sans doute là de ce qu'on appelait jadis le « prix du sang »... Allons expliquer cela aux familles !"

Jean-Dominique Merchet, "Mourir pour l'Afghanistan", Editions Jacob-Duvernet, 2ème édition, juillet 2010, 19,90 euros

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